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Pierre Jourde bij Alain Finkielkraut, vanmorgen.Une langue existe avec à la fois des règles et un aiguillon, c.-à-d. elle existe dialectiquement. Il faut un bon usage, il faut une référence, et il faut des choses, notamment des apports de la culture populaire qui la fassent changer. Sauf que, deux choses: d’une part, cet apport de la culture populaire, il est en réalité devenu minime, c.-à-d. que la langue change de plus en plus à partir d’apports médiatiques, c.-à-d. non pas par une création populaire, mais par, comment dirais-je, par un faux savoir. Ce qui me choque le plus au fond, ce n’est pas du tout l’apport du langage jeune, ou du langage des quartiers dans la langue, c’est l’apport de termes inutiles, et qui font distinguer précisément. Par exemple sociétal au lieu de social, des choses comme ça. On est là ...on a l’air immédiatement intéressant, alors que souvent on ne dit rien.
Je ferais une deuxième remarque: ce qui est très dangereux, ce n’est pas que la langue et la culture populaires existent, c’est qu’il y ait confusion, c.-à-d. que à un enfant, par exemple à travers des films ou à travers la télévision, on fasse passer un langage qui est un langage extrêmement relâché, et que, comme il n’a finalement pas d’autres références, il se figure que là est la langue que l’on doit parler. Et c’est ce qui se passe massivement. Je crois que ce qui est important, notamment, enfin à l’école et à l’université, c’est de montrer qu’il y a plusieurs niveaux de langage et qu’on peut jouer entre ces différences de niveau. C’est pas forcément d’imposer les normes, mais de montrer qu’elles existent, et comment elles fonctionnent.
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