donderdag 14 oktober 2010

Conférence Oskar Freysinger donnée à Bruxelles le 9 octobre 2010



Permettez-moi, en préambule, de constater qu’à la fin de cette première décennie du 21ème siècle, poser des questions et en débattre est devenu une gageure en UE. D’abord, le centre diamant m’a fermé ses portes à Schaerbeek sous la pression exercée par la bourgmestre et la police sur le bailleur de la salle, puis ce fut le tour du Crowne Plaza hôtel de me refuser une salle. Son propriétaire a eu au moins l’élégance, après avoir d’abord accepté puis refusé la conférence, de nous rencontrer, Marcel Castermans et moi, pour nous exprimer son embarras de ne pouvoir tenir son engagement. « Cependant » a-t-il fait savoir lors de cette entrevue, « le Crowne Plaza » ne fait pas exception quant à son refus. A l’heure actuelle, vous ne trouverez aucun hôtel et aucune salle à Bruxelles disposés à vous accueillir, tant les pressions politiques sont grandes. Voyez-vous, je suis commerçant, et ne puis aller contre le système ». Le directeur du Crowne Plaza ne croyait pas si bien dire, car un troisième propriétaire de salle ayant initialement donné son accord s’est rétracté ce matin même.
Voilà pourquoi l’Europe court à la dérive : Non pas à cause des fanatiques qui occupent le terrain, mais à cause des lâches qui les laissent faire.
Je suis cependant heureux du dénouement de cette affaire qui me voit aujourd’hui m’exprimer en français dans une salle du parlement Flamand. Merci à Philippe de Winter qui a été le seul, ce matin, à s’engager pour la liberté d’expression dans cette ville de Bruxelles mise sous l’éteignoir d’une clique liberticide.
L’intolérance et la censure sont aujourd’hui l’apanage de ceux qui n’ont que les mots « ouverture » et « tolérance » sur les lèvres. Paradoxalement, notre combat pour la liberté, nous le menons aussi pour eux et leurs enfants, malgré le fait qu’ils cherchent à nous museler. Pour l’heure, je vais tenter de vous résumer en trois quarts d’heure l’argumentation qui a prévalu lorsque nous avons décidé, en Suisse, de donner un signal fort à l’islam en interdisant la construction de minarets. L’islam est-il une menace ? Si oui, dans quels domaines et par quels aspects ? Voilà les questions auxquelles je vais tenter de répondre sans la moindre animosité envers les musulmans en tant que personnes individuelles, car ils sont souvent les premières victimes d’un dogme impitoyable ne leur laissant que très peu de choix quant à la gestion de leur vie.

1.Toutes les religions sur pied d'égalité
Au début de cette réflexion nous devons nous interroger sur la manière dont tout Etat de Droit préserve la paix religieuse chez lui. Il n'y parvient que par la voie d'un régime légal séculaire qui se place au-dessus des dogmes religieux et qui garantit le même traitement à toutes les confessions. L'instance protectrice doit se placer au-dessus du protégé pour que sa protection soit efficace et pour qu'elle soit accordée de la même manière à tous. La foi religieuse est fondamentalement indémontrable et échappe donc à toute vérification. Cela signifie pour un législateur garantissant le même traitement à toutes les religions que la foi X et la foi Y se situent forcément au même niveau et que les hommes sont libres de choisir leur confession, donc aussi de passer d'une religion à une autre. La liberté religieuse est d'ailleurs le droit fondamental le plus ancien de tout Etat constitutionnel moderne. Cependant, dès que la foi religieuse se politise, la dogmatisation de la politique menace. La confession influence alors à tel point la politique que celle-ci finit par interdire, isoler ou opprimer toutes les autres convictions religieuses (voir l'Iran, l'Afghanistan, etc.) tout en imposant un dogme (indémontrable et immuable). Permettez-moi de relever quelques cas édifiants liés à la loi sur le blasphème introduite il y a quelque-temps au Pakistan, qui se présente pourtant comme une démocratie : – La famille d’une femme de 26 ans du Punjab, Rubina Bibi, mère de trois enfants, accusée et emprisonnée sur des fausses accusations de blasphème, pense actuellement, par désespoir, à trouver un accord avec les accusateurs : le retrait des accusations, et donc la liberté, en échange de la conversion à l’islam. En mars 2010, Rubina a été accusée par une commerçante musulmane à la suite d’une discussion sur la vente d’un produit alimentaire. Les audiences devant le tribunal se sont déroulées sous de fortes pressions des groupes islamiques extrémistes. Pour parvenir à un accord extrajudiciaire, il a été dit à la famille de Rubina que les accusations seraient enlevées dans le cas d’une conversion à l’islam. – En février 2010, Qamar David, chrétien de Lahore, en prison depuis 2006, a été condamné à la prison à perpétuité pour blasphème. Depuis trois ans sa famille et son avocat sont l’objet de menaces et d’intimidations. “La condamnation se base seulement sur les déclarations et les témoignages créés de façon artificielle, fruits de la haine et des préjudices”, remarque l’avocat Parvez Choudry. - En janvier 2010, Imran Masih, 26 ans, de Faisalabad, a été condamné à la prison à perpétuité pour blasphème. Un voisin l’a accusé d’avoir brûlé une copie du Coran. Le jeune a été victime d’un piège : alors qu’il nettoyait son magasin, il voulait en effet se défaire de certains livres écrits en arabe (langue qu’il ne comprend pas) et a demandé conseil à l’un de ses voisins qui l’a d’abord autorisé de le faire et l’a ensuite accusé de blasphème. – Au début de juillet 2010, le chrétien Zahid Masih de Model Town, non loin de Lahore, a été forcé de fuir et de se cacher avec sa famille après avoir été accusé de blasphème au début du mois par le musulman Manat Ali qui a ameuté une foule de fondamentalistes pour tenter de le lyncher. Zahid est accusé d’avoir utilisé un panneau sur lequel sont inscrits quelques versets du Coran comme tapisserie d’une salle de bain. Partant de cette réalité, le problème que l'islam pose aux démocraties occidentales n'est pas en premier lieu de nature théologique, mais surtout politique et juridique.

2.Conceptions opposées du droit
En Suisse comme dans toute démocratie digne de ce nom, chaque loi est démocratiquement légitimée. Cela signifie que nos lois peuvent changer, à l'inverse du droit religieux islamique qui, lui, est irréversible et autonome, car il est considéré comme d'origine divine; il est donné une fois pour toutes et ne doit de compte à personne. La sharia repose sur le coran qui a été remis au prophète Mahomet en état d'extase mystique. Le coran existait en tant que loi non créée au paradis et il a été rendu accessible aux humains par Mahomet. La sharia repose encore sur une autre origine, les hadiths, qui, par leur valeur de source, sont placés au même niveau que le coran et comprennent des informations et des actions tirées de la vie du prophète. Il existe, selon les écoles coraniques, diverses conceptions à ce niveau. Certains hadiths sont acceptés par les uns, refusés par les autres. On constate à l'intérieur des textes religieux une grande variété qui conduit à des conceptions et des pratiques opposées. Enfin, toutes les contradictions contenues dans le coran ainsi que les domaines qui n'y sont pas réglés sont fixés par l'Ijma qui représente un consensus des légistes autoproclamés (les ulémas) et qui formule des fatwas (arrêts juridiques). Le problème vient du fait que l'alim (pluriel: ulémas) passe pour être celui qui "sait", donc possède des connaissances scientifiques alors qu'il s'agit de questions de foi. On comprend ainsi pourquoi la foi est considérée comme le savoir dans l'islam, donc comme un domaine scientifiquement vérifiable. Cette conception est difficilement conciliable avec notre idée de la foi et elle entraîne des conséquences extrêmement graves dans la vie pratique. A l'opposée des habitants des 57 pays membres de l'Organisation de la conférence islamique, le peuple suisse peut, en vertu de notre conception du droit, largement participer au processus politique par le biais des instruments de la démocratie directe. Il pourrait, par exemple, biffer la référence au Tout-Puissant dans la Constitution fédérale. En revanche, aucun peuple des Etats islamiques mentionnés plus haut n'a le droit de remettre en question la sharia qui, dans ces pays, est égale à une connaissance scientifique immuable au même titre que nous admettons, nous autres Suisses, le fait que la terre est ronde et tourne autour du soleil. L'époque où l'église tentait d'interdire cette connaissance est révolue; Galilée incarne pour ainsi dire le début de l'émancipation moderne de la science par rapport à la religion. La cour constitutionnelle turque a retenu dans un arrêt confirmé par la Cour européenne des droits de l'homme que la sharia était l'antithèse de la démocratie et visait à enlever à l'Etat le rôle de garant des libertés et droits individuels. Dans ce contexte, la déclaration suivante de Dalil Boubakeur, ancien président du Conseil français de la communauté musulmane, est remarquable: "L'islam est simultanément religion, communauté, loi et civilisation." L'Organisation de la conférence des Etats islamiques – qui, comme on l'a dit, comprend 57 Etats – a fait un constat semblable: "L'Islam est religion, Etat et organisation complète de vie." Conformément à ce principe, l'Organisation de la conférence des Etats islamiques n'accepte la Déclaration générale des droits de l'homme que dans la mesure où elle n'est pas en contradiction avec la sharia. C'est précisément cette tendance de l'islam à contrôler aussi bien la vie privée que l'organisation publique de la société, donc son influence globale sur la conception de la vie des gens, qui distingue l'islam des autres religions. Le bouddhisme, le judaïsme, l'hindouisme, etc. pratiquent la religion avant tout comme une conception individuelle de la vie sans composante politico-juridique notable. Ils respectent la politique, le droit, mais aussi les sciences et les arts comme "systèmes" autonomes alors que les écrivains et artistes qui critiquent l'islam doivent s'attendre à des réactions violentes de la part des gardiens de la religion islamique. On rappellera à ce propos la condamnation à mort de Salman Rushdie par le chef de l'Etat iranien, l'ayatollah Khomeiny, en 1989 ou encore la destruction de biens danois dans des Etats musulmans après la parution de caricatures sur Mahomet en 2006. Kurt Westergaard, l’un des dessinateurs danois vit d’ailleurs toujours sous la menace d’une fatwa. Après avoir échappé à trois attentats, il change souvent de ville et de pays, ne sort jamais sans escorte armée et a transformé sa maison en forteresse. Ca fait maintenant cinq ans que dure cet enfer. De quoi décourager d’autres adeptes de l’humour « mal placé ».

3.Racines historiques de la conception islamique du droit
Les textes religieux de l'islam ne sont pas seulement de nature éthique et morale, mais cherchent aussi à influencer la formation de l'Etat. Le coran a été rassemblé et écrit après l'an 800 lorsque les conquêtes de l'islam s'étendaient jusqu'en Espagne. Cette expansion exigeait la mise en place d'un ensemble de règles juridiques de caractère normatif pour organiser les clans et tribus qui, à cette époque, ne se qualifiaient pas de musulmans, mais de Sarazins. Contrairement à ce que l'on pense communément, les mosquées ne sont donc pas comparables à nos églises; elles sont bien plus des offices d'état civil puisqu'on y traite surtout des procédures juridiques et de droit civil. Le rapport privilégié entre le musulman et Allah passe par la sharia, la norme islamique. Dans l'islam, la morale se fonde sur la loi alors que dans notre conception du droit la loi se fonde sur la morale. Un exemple pour illustrer ce propos: chez nous, un principe moral décrète qu'il est mal de tuer; cependant, la loi résultant de ce principe moral doit prendre en considération qu'en cas de légitime défense il peut arriver qu'un humain en tue en autre sans être puni par la suite. Il est toujours mal de tuer, mais le législateur admet une légitimité dans certains cas d'urgence. Il en est tout autrement dans l'islam. La sharia prescrit en effet précisément quand, dans quelles conditions et comment exactement certaines personnes peuvent être tuées ou non. La morale exige simplement que ce catalogue soit respecté; à l'inverse, il est immoral de ne pas respecter ce catalogue. La morale est déduite de la norme légale, donc intervient après la loi, ce qui est d'ailleurs logique dans la conception de l'islam puisque la loi est divine et non créée et vaut donc une fois pour toutes. Lorsqu'un musulman récite le coran, il récite un texte qui est en quelque sorte proche de notre code civil; la différence est que les lois de l'islam sont d'origine divine et de ce fait immuables. Il n'est donc guère étonnant que le musulman qui renie sa foi s'expose à la peine de mort et que 94% des péchés que le coran punit par des séjours en enfer concernent la mise en doute ou la critique de Mahomet ou de l'islam. A elles seules, ces conceptions contradictoires de l'origine du droit indiquent combien la cohabitation des deux visions est difficile et quasi impossible à réaliser dans la pratique.

4.Problèmes territoriaux
Si les problèmes de compatibilité entre la culture islamique et la culture occidentale ne sont pas religieux, mais juridiques, c'est parce que la sharia précède la formation de l'Etat et constitue en quelque sorte le socle sur lequel est bâti l'Etat (la nomocratie islamique). L'islam distingue trois situations territoriales: dans le Dar el Islam (pays de la paix), l'islam a triomphé et règne sans partage; dans le Dar el Harb (pays de la guerre), les infidèles sont au pouvoir et dans le Dar el Suhl (que l'on peut traduire par pays de l'armistice), l'islam est encore en minorité et doit donc s'adapter, mais chaque musulman qui y vit doit tout entreprendre pour faire triompher un jour sa religion. Dans cette conception des choses, les minarets, les cimetières séparés, mais aussi les écoles coraniques et les mosquées deviennent des petites régions extraterritoriales en terre impure, des têtes de pont de l'islam sur le territoire desquels, même s'il est modeste, la seule loi islamique s'applique. Dans le Dar es Islam, le pays sacré où l'islam s'est établi, aucune loi concurrençant la sharia – par exemple, notre droit pénal et civil – n'est admise. Ce "pays sacré" de l'islam comprend aujourd'hui en Europe de nombreux quartiers urbains de France, de Grande-Bretagne et d'Allemagne. Les musulmans y vivent en majorité; ils y ont leurs cimetières, leurs mosquées et leurs écoles coraniques. Ces lieux sont répartis dans tout l'Occident et croissent par leur nombre et leur taille. Les minarets sont tout au plus les symboles de cette pénétration à l'image des petits drapeaux que les généraux piquent sur leurs cartes d'état-major pour marquer l'avancée de leurs troupes. Le mot minaret vient de "El Manar", le phare. Or, ces "phares du jihad" ou ces "baïonnettes de l'islam", pour reprendre les termes du premier-ministre turc Erdogan, ne répondent pas à une exigence du Coran et ne jouent aucun rôle dans le rituel religieux de l'islam. Le muezzin a été inventé bien plus tard, mais sa présence est fréquemment justifiée par un parallèle discutable avec les cloches des églises chrétiennes. En fait, le minaret est avant tout le symbole bien visible d'une soumission totale à une doctrine et à l'intolérance qui en découle – même si cette dernière suscite des controverses entre les différents courants islamiques. Si nous tolérons sur le territoire suisse la construction de minarets, les conflits qui ont lieu en Orient, par exemple entre les musulmans ottomans et les Alaouites se poursuivent chez nous. Au lieu d'encourager la tolérance réciproque et la paix religieuse, nous attisons les conflits dans la grande diversité doctrinaire de l'islam. En effet, pour les Alaouites ou les musulmans sécularisés, les minarets sont un affront et le signe qu'une certaine expression de l'islam cherche à se positionner comme la seule représentation de cette religion en Suisse. Dans la conception universelle de l'islam radical, toutes les régions du monde qui étaient autrefois islamiques doivent le redevenir. Le moyen d'atteindre cet objectif est le jihad qui, dans 97% des cas où il apparaît dans le Coran, signifie « guerre sainte contre les infidèles » alors que dans 3% seulement des cas, ce mot doit être compris comme un "combat intérieur", une "purification spirituelle" ou une "recherche". Chaque lieu d'où est visible un minaret et chaque région que l'on voit depuis un minaret doivent devenir islamiques. Face à cette revendication, on comprend que cet édifice fréquemment sous-estimé par les Européens joue un rôle bien plus important que celui qu'on lui prête communément. Un minaret haut de 21 mètres est actuellement en construction à Poitiers, ville où Charles Martel a mis en fuite les Sarazins en 732. Des haut-parleurs y seront installés. Mais on a promis à la population qu'ils resteront muets. Alors pourquoi en installe-t-on? Le fait est qu'à de nombreux endroits où la construction d'un minaret a été autorisée, la voix du muezzin retentit aujourd'hui plusieurs fois par jour. C'est le cas par exemple à Grenade, en Bosnie, à Oxford, à Londres, à la Nouvelle-Delhi et même à Lhassa, la capitale du Tibet. Des résistances se manifestent ailleurs, et pour des raisons facilement compréhensibles: le but de ce mouvement est d'installer la norme islamique dans le monde entier et les minarets ne sont que la manifestation visible – et fréquemment bruyante – de cette pénétration. Le Conseil islamique de Grande-Bretagne l'a clairement dit en mars 2008: "L'appel à la prière devra devenir partie intégrante de la vie en Grande-Bretagne et en Europe." Or cet appel annonce cinq fois par jour le principe suivant: "Allah est le plus grand. Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah. Je témoigne que Mohammed est le messager d'Allah. Venez à la prière. Venez à la félicité. Allah est le plus grand. Il n'y a pas d'autre vrai Dieu qu'Allah". A côté de cette profession de foi, les cloches de nos églises sont d'une neutralité remarquable – d'autant plus qu'elles servent pour l'essentiel à donner l'heure

5. L'exercice de la religion n'est pas un droit absolu
Le libre exercice de pratiques religieuses – par exemple l'abattage rituel – n'est autorisé dans le droit national et international que dans les limites des lois. Des restrictions sont parfaitement possibles. L'article 9 al. 2 de la Convention européenne des droits de l'homme, l'article 29 al. 2 de la Charte des droits de l'homme de l'ONU ainsi que l'article 36 de la Constitution fédérale permettent une limitation de la liberté religieuse si cette restriction est dans l'intérêt public et si elle est adaptée à la situation. C’est pour cette raison que le Conseil fédéral et le Parlement ont bien été obligés d'admettre que l'initiative contre les minarets n'était pas contraire à la loi et devait par conséquent être soumise au peuple.
Cependant, nous constatons aujourd’hui que le gouvernement se soucie bien peu de la volonté clairement exprimée des citoyens lors du vote qui suivit, puisqu’il n’a pas l’intention de s’opposer à la construction d’un minaret à Langenthal sous le prétexte fallacieux que la demande de construction avait été déposée avant le 29 novembre 2009. Pourtant, le soir de la votation, la ministre de la justice avait affirmé haut et fort que la volonté du peuple serait respectée et qu’aucun minaret ne serait plus construit en Suisse. Pire encore : Dans sa réponse à la cour européenne des droits de l’homme du 15 septembre 2010, le Conseil Fédéral se permet, au mépris total du concept de souveraineté et ignorant la volonté populaire exprimée au scrutin universel d’affirmer que « la jurisprudence récente du Tribunal fédéral connaît des exemples admettant la primauté d’un traité international (et d’une loi fédérale) par rapport à une disposition de la Constitution ». Et d’ajouter un peu plus loin : « Cette jurisprudence pourrait être appliquée à la relation entre norme internationale et constitutionnelle, cela d’autant que l’article 190 Cst. ne mentionne pas la Constitution en tant que droit pertinent ». C’est ainsi que la démocratie directe et le vote au scrutin universel cèdent le pas à la « démocratie des juges » dont la légitimité démocratique est bien moindre, puisqu’ils sont cooptés et par le système en place. Procédant ainsi, le système parvient à museler le peuple en déclarant la démocratie antidémocratique et les processus politiques illégaux partout où ils contredisent la doxa de la globalisation.

6.Dhimmitude et intégration
Si l'Etat américain du Michigan n'exige plus, lors des contrôles de personnes, que les femmes voilées se découvrent, il créé une situation juridique concurrente sur son propre territoire. Au nom d'un pluralisme légal postmoderne et tolérant, le régime légal territorial est progressivement dilué.  Même chose lorsque dans un lycée de l’Oise, on permet aux adolescentes de passer leur bac couvertes du voile intégral (« Le Figaro » du 19 juin 2010).La Commission de recours en matière d'asile a décidé que "le droit suisse ne pouvait pas se permettre de se juger supérieur à un droit étranger"; partant de cette affirmation, elle a admis un mariage conclu avec une mineure et en l'absence du mari. Exemple particulièrement frappant de ce pluralisme juridique: en Allemagne, une juge a refusé de prononcer un divorce "parce que dans l'islam le châtiment corporel de l'épouse est permis". Ces exemples montrent que les démocraties occidentales sont aujourd'hui prêtes à tolérer sur leur territoire un système légal divergent et concurrent au détriment de leur propre régime. Le respect de nous-mêmes et la prudence devraient pourtant nous inciter à empêcher la propagation sur notre territoire d'un droit opposé au régime légal suisse et reposant sur une conception totalement différente des droits de l'homme. Comme l'a constaté la Cour européenne des droits de l'homme, la sharia est incompatible avec notre conception du droit notamment dans les domaines du droit du mariage, des droits de l'homme ou encore du droit pénal. Le fait d'accepter le port du voile par des enseignantes musulmanes ou les cours de natation séparés pour les enfants musulmans sont des exemples de concessions justifiées par la tolérance à l'égard de cultures étrangères et qui paraissent peu importantes alors qu'en réalité elles ouvrent la boîte de Pandore du point de vue du droit. Ces adaptations apparemment modestes de lois et de règles visent à faire reconnaître en Suisse un droit parallèle totalement étranger au nôtre. S'agissant par exemple des mariages arrangés de mineurs, on admet que des droits fondamentaux (le droit de se marier) soient violés au nom d'autres droits humanitaires (la liberté religieuse corporative). Mais une société où il est désormais de bon ton de pratiquer la dhimmitude - cette servilité prophylactique sensée détourner les foudres d’Allah de nos têtes - ne s’encombre pas de réflexions sur la portée des concessions faites à l’Islam. N’a-t-on pas vu M. Delanoë, maire de Paris, féliciter les musulmans pour le Ramadan et le conseiller national Hugues Hiltpold faire de même à Genève ? Jamais on n’a entendu ces mêmes personnes féliciter les chrétiens pour le carême. Et jamais on ne les verra congratuler les participants à un apéro géant « saucisson-pinard » ! Cependant, cette « dhimmitude » (soumission aux exigences islamiques par les « infidèles ») n’est pas seulement le fait des pays européens. Ainsi, lorsque j’apprends (« le temps » du 28 mai 2010) que le Maroc intensifie l’expulsion de chrétiens étrangers de son territoire national, je ne puis m’empêcher de penser que cet exercice n’est qu’une concession faite par le roi aux islamistes dont l’influence grandit. Au bout de ces concessions, lui aussi, tout roi et marocain qu’il soit, risque de trouver un califat à la place de l’Etat-nation. Ce n’est pas en se faisant passer pour plus islamiste que les islamistes qu’il parviendra à freiner leur progression, car les fous de Dieu ne se soucient guère des images, aveuglés qu’ils sont par les exigences de leur dogme.

7.Ghettos culturels, société individualiste et système de clans
Cette mise en parallèle de deux systèmes juridiques différents sur le territoire du même Etat est particulièrement dangereuse à cause de l'isolement croissant de certains groupes ethno-religieux dans des ghettos. Depuis le siècle des lumières notre société est construite selon le principe individualiste; elle n'est donc pas préparée à accueillir et à intégrer des groupes fonctionnant comme des collectifs quasi-inaccessibles. L'individualisme favorise la libre formation des opinions et, de ce fait, la force novatrice caractéristique des sociétés occidentales. Parallèlement, il freine le népotisme en affaiblissant le système des clans. L'individualisme libérant l'individu de l'étreinte de son clan, il permet à chaque personne de s'approcher d'une autre qui lui était auparavant étrangère. La conséquence finale est que l'intérêt général, donc le bien-être de tous les citoyens, est placé au-dessus des intérêts particuliers des clans. Mais ce système ne fonctionne que dans une société plus ou moins homogène et dont les membres connaissent et respectent les règles générales. De plus, l'Etat doit être prêt à imposer ces règles. Le problème est que la plupart des sociétés extra-européennes fonctionnent de manière totalement différente de ce principe; les intérêts des clans et des familles passent avant l'intérêt général qui, dans un tel cadre, n'est qu'un concept abstrait. Plus le nombre d'immigrants en provenance d'Etats connaissant une structure prononcée de clans est grand, plus notre société a de problèmes. Dans ce contexte, il est par exemple choquant que l'on autorise, sous le prétexte du "regroupement familial" qui se réfère au noyau de la famille européenne, non seulement l'épouse et les enfants, mais aussi les frères, les sœurs, les grands-parents et les cousins à entrer dans l'espace UE. Le plus grand problème des Etats européens modernes provient du fait que l'immigration incontrôlée et l'affaiblissement, voire la suppression des frontières extérieures provoquent l'émergence de nombreuses frontières intérieures, parfois invisibles. Si nous refusons de chercher des réponses valables à ces problèmes, si nous en faisons un tabou pour ne pas devoir les aborder, l'espace UE prometteur d'une grande liberté risque fort de devenir un espace de sociétés en conflit. La Suisse n'échappe pas à cette évolution, car les conséquences cumulées de Schengen/Dublin, de la libre circulation des personnes et de l'afflux de demandeurs d'asile ne permettent plus guère à notre pays d'imposer des règles de passage aux frontières. Cela a pour conséquence l’importation de comportements difficilement assimilables et protégés par des clans regroupés. Voilà comment la polygamie réapparait un peu partout en Europe. Je rappelle ici le cas emblématique de Lies Hebbadj, qui a fait la une des médias, le 23 avril 2010, pour avoir contesté publiquement le procès-verbal infligé à l’une de ses compagnes pour port du niqab au volant. Le 9 juin, Lies Hebbadj a été mis en examen pour fraudes aux prestations sociales - une «polygamie de fait» lui permettant de bénéficier d’aides indues -, escroquerie, et travail dissimulé. Depuis, il a été de nouveau mis en examen pour viols aggravés. Affaire à suivre. Dans les hôpitaux, aussi, les dérives intégristes font leur entrée : Refus de l’homme de faire soigner sa femme par un médecin de sexe masculin, refus de traitements etc. Cela mène à des situations absurdes. Dans « Libération » du 7 juillet 2010, Isabelle Lévy raconte le cas d’une patiente qui n’avait jamais été suivie pendant sa grossesse et qui s’est présentée aux urgences, car elle avait des contractions. Elle a refusé d’être examinée par un médecin homme, et elle est repartie avec ses contractions. Soudain, le personnel a entendu des cris. La femme en question était en train d’accoucher sur la pelouse. L’infirmière lui a dit alors : «Vous avez refusé d’être examinée par un homme, mais vous venez d’accoucher devant une centaine de personnes !» Pourtant, la liste ne s’arrête pas là. L’incompatibilité sociale et culturelle peut prendre des formes encore bien plus dramatiques. Que dire du cas dramatique de la jeune Swera, 16 ans, Suissesse d’origine pakistanaise parlant le « schwyzerdütsch » comme ses camarades de classe, tuée par son père pour un vol de cigarettes qu’il jugeait devoir, selon ses convictions religieuses, laver dans le sang ? Le sang de son sang ? Pour l’honneur, pour laver l’affront. Mais derrière ce terrible fait-divers, combien de jeunes filles muselées, mises sous tutelle, battues ? L’omerta régnant dans les milieux claniques est totale. Sa transgression fatale. Partant de ces constats, je voudrais terminer cet exposé en formulant les recommandations suivantes:

1.Notre Etat de droit a le devoir d'exiger des immigrants le respect intégral de notre régime légal et d'éviter toute concession, aussi modeste soit-elle en apparence, qui pourrait encourager, ne fût-ce que de manière vague, l'établissement de conceptions parallèles du droit. En admettant la ségrégation de groupes, notamment de la population islamique par le biais de droits d'exception comme les cimetières séparés, les dispenses générales des cours de natation, les mariages forcés, nous les empêchons d'approcher notre patrimoine culturel si bien que l'intégration si souvent vantée n'est plus qu'un exercice-alibi.

2.Même si nous risquons de toucher à la liberté d'établissement, nous devons empêcher la formation de ghettos ethniques, donc l'émergence de mondes parallèles indifférents les uns par rapport aux autres. La vie en parallèle de groupes ethniques n'a rien à voir avec l'intégration.

3.Nous devons empêcher que des chefs religieux fanatiques ne mettent le grappin sur certains groupes ethniques en intervenant plus sévèrement contre ces meneurs extrémistes.

4.Nous devons tenter de limiter les flux de l'immigration pour accueillir des immigrants en moins grand nombre, mais mieux, afin de les intégrer. Enfin, il reste à espérer que l'islam se transforme de l'intérieur dans les années à venir et qu'il vive lui aussi un sorte de siècle des lumières qui mette définitivement un terme à l'islamisme fanatique. Tant que cela n'est pas le cas, nous avons le devoir de protéger notre Etat contre toute forme de subversion. Il n'est pas acceptable que les principes libéraux de notre Etat de droit soient utilisés comme instruments de sa désintégration et finalement de sa destruction. Il en va aussi de la liberté et de la sécurité des musulmans eux-mêmes, particulièrement de ceux qui cherchent vraiment à s’intégrer chez nous. Je me permets de rappeler à ce sujet le triste destin de l’imam de Drancy, Hassan Chalgoumi, qui s’est prononcé publiquement pour l’interdiction du voile intégral en France. Depuis, toutes les prières qu’il dirige sont perturbées. Les 43 religieux qu’il avait rassemblés en 2009 dans la Conférence des imams de France, pour promouvoir la « double mission culturelle et républicaine des imams », déclarent forfait l’un après l’autre. Désormais, Chalgoumi est de plus en plus isolé et vit sous protection de l’Etat, menacé pour quelques mots proférés contre l’intégrisme et l’antisémitisme. Lutter contre les dérives de l’Islam en terre chrétienne, c’est peut-être avant tout cela : Protéger les musulmans de leurs propres « frères ».

Oskar Freysinger